Plus que jamais, alors que LA relance s’impose quasiment improvisée, nous devons avec résilience nous relever physiquement, psychologiquement, émotivement et économiquement de cette période de turbulence obligée. Après le calme anxieux du confinement vient le temps de se remettre en marche nerveusement sur une voie encore jamais empruntée par les acteurs des milieux de la santé, de l’éducation, du communautaire et même du domaine religieux. Jamais nous n’aurons eu autant besoin d’avoir foi en nous et en ce qui nous entoure. Jamais nous n’aurons eu autant besoin de nous accrocher à quelque chose de plus grand et plus fort. Ce « quelque chose », que l’on soit croyant ou non, espérons-le, nous permettra de nous réinventer et de ne pas commettre les mêmes erreurs, pour notre bien personnel et pour le bien commun.

  • Le recueillement en mode virtuel

La démonstration est faite, les lieux de culte étant temporairement inaccessibles, les différentes églises ont dû s’adapter en adoptant une nouvelle méthode de réflexion et de recueillement. Par exemple, le dimanche de Pâques, plus de 17 000 croyants de l’Archidiocèse de Québec se sont virtuellement réunis pour assister à la messe du Cardinal Gérald Cyprien Lacroix, et cela, dans le confort de leurs foyers.

Depuis le début de cette pandémie, les célébrations se multiplient, des moyens inédits sont déployés afin que tous puissent être en contact et puissent interagir presque instantanément même dans leur quête spirituelle.

Imaginez si, à chaque occasion de se connecter, il était proposé aux participants (avec discernement et grâce) la possibilité de faire une offrande à la hauteur de leurs moyens pour témoigner de leur attachement à leur Église et lui permettre de s’adapter, de se réinventer.

Contre bonne fortune, bon cœur, chaque geste compte et dans l’urgence, chaque témoignage de gratitude est important.

  • Les paroisses doivent aussi s’adapter et démontrer leur créativité

Alors que les paroisses étaient déjà aux prises avec des enjeux financiers importants, voilà que la COVID-19 ne fait qu’accentuer l’urgence de trouver des solutions permanentes au défi que représente le financement récurrent des fabriques et des monuments patrimoniaux qu’elles doivent souvent entretenir. Sous la bannière de la préservation de ce patrimoine bâti, nombreux sont les paroissiens, les membres des conseils de fabrique et les curés qui se retrouvaient déjà devant l’impasse d’une baisse drastique des revenus annuels et hebdomadaires. Devant l’absence soudaine de participants aux messes dominicales générant les revenus procurés par la capitation et la quête, certaines paroisses se verront forcer de plier l’échine alors que d’autres, se battront bec et ongles pour préserver leur lieu de culte.

  • Transformer un défi en opportunité

Chez BNP Performance philanthropique, nous croyons depuis longtemps que les diocèses et paroisses doivent se réinventer, moderniser leurs méthodes philanthropiques pour intégrer les bases de données, le don mensuel ou hebdomadaire et diverses formes de contributions en ligne. Nous croyons également que les lieux de culte devraient redevenir les lieux et espaces communautaires qu’ils représentaient jadis.

En effet, si ce lieu de rassemblement nouvellement fermé en raison des risques de propagation d’un virus en profitait pour se réinventer, faire peau neuve et se transformer en un lieu de promotion de l’art, de la culture, du talent de tout un chacun et permettait à l’ensemble de la communauté de se retrouver, de venir s’émerveiller et apprécier de nouveau le caractère unique et solennel de ces majestueux espaces chargés d’histoire, notre histoire.

  • D’une mission sociale à l’innovation sociale

Au Canada, si la tendance se maintient, c’est plus de 9 000 églises qui devront fermer leurs portes. Déjà, plus de 700 églises ont vu leur vocation changer et elles sont converties en lieu où de multiples services sont disponibles. S’il s’avérait difficile de trouver des bailleurs de fonds pour la préservation du patrimoine et des lieux de culte, il est définitivement plus aisé de promouvoir la transformation de ces mêmes lieux en leur permettant d’accueillir des bibliothèques, des cafés, des salles de réception ou de spectacle, des collaboratoires ou autres services rendus à une communauté en quête de renouveau et d’expériences diversifiées. Dans la mesure où la créativité, l’innovation et le renouveau sont les mots d’ordre, il devient beaucoup plus concluant de tenter de convaincre un entrepreneur, un décideur ou un investisseur de contribuer aux nouvelles initiatives ou installations qui seront au service de la communauté et auront un impact direct sur le quotidien des citoyens.

Tous ces changements sont certes exigeants et monopolisants en temps et en ressources, mais sont nécessaires pour l’avenir de ces lieux souvent positionnés au centre de nos communautés. Bien accompagnés et bien conseillés, nul doute que les paroisses, devant l’enjeu de pérennité encore plus prononcé qu’il y a sept semaines, trouveront des moyens mobilisateurs et rassembleurs pour poursuivre leur mission revisitée et réinventée.

Esther Tranchemontagne, vice-présidente, Québec et l’Est du Québec et gestionnaire du capital humain chez BNP Performance philanthropique